DE LA POULE A L’ŒUF : rapide rappel des points clés
COMBIEN DE POULES POUR 1 COQ ?
Le point d’équilibre va dépendre de divers critères tels que l’activité du coq, sa taille, sa « vigueur ». Il faudra assez de poules pour que le coq ne les « abîme » pas. Mais pas trop pour que toutes soient « cochées ».
En général, on peut considérer que la fourchette optimum classique se situe entre 4 et 7 poules pour un coq.
QUELS AUTRES CRITERES VONT JOUER SUR LE TAUX DE FECONDITE INITIAL?
Les reproducteurs devront être de préférence jeunes, (moins de 2 ans), en bonne santé, et bien nourris.
Le protocole de vaccination pourra également protéger de maladies qui réduisent le taux de fécondité.
La luminosité a un rôle important à jouer. En effet, le taux d’éclosion est bien plus faible en hiver, où l’activité du coq est inhibée.
QUELLE EST LA MEILLEURE PERIODE POUR LA REPRODUCTION ?
Nous l’avons vu, le taux de fécondité va dépendre de la période de l’année, avec des facteurs tels que la luminosité et le taux d’activité des coqs… Mais au-delà du taux de fécondité, il est tout à fait possible d’arriver à faire naître toute l’année, mais il faudra prendre en compte un élément souvent méconnu : la phase de croissance.
En gros, entre 8 et 16 semaines, c’est-à-dire entre le moment où le poussin n’a plus besoin de lampe et durant les semaines où le maximum d’hormones de croissance vont être sécrétées… il faudra une luminosité maximale. Ainsi, durant les jours les plus courts (à peu près de novembre à janvier), la courbe de croissance du poussin sera nettement atrophiée, et les sujets élevés à cette période seront souvent chétifs, avec un rapport de développement masse/volume très faible.
Conclusion, remettre en route les couveuses au plus tôt en fin d’année, et les arrêter à la fin du printemps serait l’idéal.
COMMENT CHOISIR LES ŒUFS ?
Il faudra éliminer les trop petits, les trop gros, les difformes, et les trop sales (la saleté empêche les échanges gazeux entre l’embryon et l’extérieur). Il ne faut pas laver les œufs, la pellicule protectrice risque d’être altérée.
Il est recommandé de mirer les œufs afin d’éliminer les abîmés, qu’on ne repère pas forcément à l’œil nu.
Il ne sera par contre pas possible à ce stade de déterminer si un œuf est fécond ou non.
COMMENT STOCKER LES ŒUFS ?
Il faudra commencer l’incubation des œufs fécondés tous en même temps. Il faudra veiller à ce que les plus anciens aient au maximum 10 jours, au-delà, le taux de fécondité décroît rapidement !
Les œufs seront donc idéalement stockés dans un endroit aéré, frais, et sombre, avec une située entre 12 et 17 degrés, et un taux d'humidité entre 75% et 80%.
Pour une faible durée de stockage jusqu’à 7 jours les œufs doivent être placés le grand bout (chambre à air) vers le haut. Si les œufs sont destinés à être conservés plus de 7 jours, il doivent être placés la pointe en haut dès le premier jour.
Contrairement à une idée populaire, le retournement des œufs pendant le stockage n’a jamais été montré comme entraînant une amélioration significative des résultats.
Les œufs sont sensibles aux vibrations (transports), et aux chocs.
Si les oeufs sont transportés, il faudra attendre 24 à 48 h de "repos".
DE L’ŒUF A LA POULE : l’aventure ne fait que commencer !
COMMENT SE DEROULE LE DEVELOPPEMENT DE L’EMBRYON ?
Pour cette partie un peu technique, je me permets de citer une thèse issue d’une étude menée par Vet’Agro Sup : « Cinétique et formation de l'embryon dans l’œuf de poule » :
L’œuf est constitué :
- du vitellus (jaune), soutenu par les chalazes, sur lequel repose le germe si l’œuf a été fécondé,
- de l’albumen (blanc),
- d’une coquille calcaire poreuse,
- d’une poche d’air appelée chambre à air, située à l’extrémité du gros bout de l’œuf.
Pour devenir poussin, l’embryon contenu dans l’œuf a besoin de 4 ingrédients :
- de la chaleur
- de l’air
- de l’humidité
- du mouvement (retournement des œufs)
De façon simplifiée, au cours de l’incubation et sous l’effet de la chaleur, l’embryon va se développer jusqu’à devenir poussin en se nourrissant des substances contenues dans le blanc et le jaune de l’œuf.
Durant cette incubation, l’embryon va respirer grâce aux pores de la coquille : l’oxygène va lui parvenir grâce à un réseau de vaisseaux sanguins qui va se développer jusqu’à atteindre la surface intérieure de la coquille.
Durant cette incubation, l’œuf va également perdre en moyenne 13 % de son poids en eau entre le 1er et le 19ème jour. Cette perte d’ eau s’effectue par les pores de la coquille.
L’eau perdue va être remplacée, au fur et à mesure de l’incubation, par de l’air qui va venir augmenter le volume de la chambre à air.
Le volume de cette chambre à air est vital pour le poussin au moment de l’éclosion pour deux raisons :
1 – pour respirer : au tout début de la phase d’éclosion, le poussin va percer la chambre à air et y faire pénétrer sa tête. L’air contenu dans la chambre à air va lui permettre de respirer avec ses poumons, d’autant qu’il aura percé un petit trou dans la coquille pour permettre à l’air de cette poche de se renouveler, le temps pour lui de sortir à l’air libre ;
2 – pour découper la coquille : en fin d’incubation, le poussin occupe tout le volume de l’œuf à l’exception de la chambre à air. Le volume de cette chambre à air, quand il aura passé la tête dedans, va lui fournir un espace supplémentaire lui permettant de manœuvrer pour découper la coquille et s’extraire de l’œuf. Si la chambre à air est trop petite, le poussin n’aura pas la place de bouger pour découper la coquille et mourra en pleine santé, coincé dans son oeuf …
- Si l’embryon n’a pas eu assez de chaleur, au mieux cela retardera l’éclosion de quelques jours, au pire elle n’aura jamais lieu.
- Si l’œuf n’a pas assez d’air, l’embryon aura la même réaction que vous au fond d’une piscine …
- Si l’œuf ne perd pas assez d’eau, la chambre à air sera trop petite et le poussin trop gros n’aura pas assez de place pour découper la coquille dont il ne sortira jamais …
- Si l’œuf perd trop d’eau, le volume de la chambre à air sera trop important et le poussin sera trop chétif pour sortir ou pour survivre après être sorti …
COMMENT JE DOIS REGLER MA COUVEUSE ?
La durée d’incubation peut se situer entre 19 et 23 jours.
La température intérieure de la couveuse sera réglée sur 37,5°C. Il faudra surveiller souvent ce paramètre. Certaines couveuses dites "dynamiques" possèdent un ventilateur pour brasser l’air intérieur et uniformiser la température. D'autres, dites "statiques" n'en possèdent pas, avec certains autres avantages (moins de contamination des œufs en cas de souci, + de facilité à régler l'hygrométrie...).
L’humidité devra être généralement réglée (peut différer selon les races) sur 40% du 1er au 19e jour. Après le 19e jour, ce taux devra être augmenté à un minimum de 65%.
Le réglage du taux d’humidité durant l’incubation doit permettre le développement de la chambre à air en faisant perdre à l’œuf 13 % de son poids en eau entre le 1er et le 19ème jour. Cependant, au moment de l’éclosion, il est indispensable d’avoir un taux d’humidité important pour empêcher que la membrane intérieure de la coquille ne se dessèche et n’adhère au poussin, l’empêchant ainsi de s’extraire de la coquille. Il est vital pour le poussin que cette membrane reste souple et non collante.
Pour faire varier le taux d’humidité dans une couveuse, on peut agir sur deux paramètres : sur la quantité d’air que l’on fait entrer dans la couveuse, et sur la quantité d’eau présente dans les bacs à eau de la couveuse.
Pour obtenir le taux d’ humidité minimum, il faut que les bacs à eau soient vides et que la trappe d’aération soit ouverte au maximum.
Pour obtenir le taux d’humidité maximum, il faut remplir tous les bacs à eau, ajouter s’il y a de la place une ou deux éponges gorgées d’eau, et fermer la trappe d’aération au maximum indiqué par le constructeur. Il ne faut jamais fermer totalement l’aération, les poussins ont besoin d’air pour respirer, même dans leurs œufs !
QUE FAUT-IL FAIRE AU MOMENT DE L’ECLOSION ?
Rien ! il n’y a plus qu’à attendre. Il faudra résister le + possible à la tentation d’ouvrir la couveuse pour mieux y voir ! et c’est le + difficile ! 
De même, on a tendance à vouloir aider un poussin qui a du mal à sortir. Erreur ! D’une part on risque d’aggraver la situation (coquille encore irriguée de vaisseaux qu’on peut briser), et d’autre part, la nature est ben faite, un sujet plus faible dès le départ risque d’être un sujet « à problèmes » plus tard. Cela semble un peu cruel, mais la nature est ainsi faite.
Après l’éclosion, il faudra idéalement laisser les poussins dans la couveuse pendant 24h sans boire ni manger. Ils ont besoin de se reposer, de sécher, et de vider leur tube digestif.
Petite conclusion : il est difficile de remplacer la nature, et nous ne ferons jamais aussi bien qu’elle ! Ces principes ne sont que des généralités à adapter selon une multitude de critères.
Si vous voulez aller plus loin dans les connaissances de ces merveilleux mécanismes, envoyez-nous votre demande, nous avons une multitude de supports techniques sur chacun de ces points, que nous aurons plaisir à partager.