L’œuf à couver, données scientifiques

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La qualité du poussin d’un jour dépend en grande partie de celle de l’œuf à couver. Il convient donc de s’assurer que, pendant toutes les étapes de l’élevage des reproductrices, tous les efforts nécessaires sont mis en place pour garantir une qualité optimale des œufs.

CARACTÉRISTIQUES DE L’ŒUF À COUVER

Constituants de l’œuf et facteurs de variation :

La composition en macro-constituants de l’œuf (eau, protéines et acides aminés, lipides totaux et macro-minéraux) est peu dépendante de l’ingéré alimentaire. À l’inverse les oligo-éléments minéraux et vitaminiques, et les acides gras des lipides, varient en fonction de la nature des aliments ingérés. Ainsi, alors qu’une situation de carence nutritionnelle pourra entraîner une altération de la quantité de macro-constituants déposés dans l’œuf, une alimentation trop riche en protéines ou calcium par exemple, n’entraînera pas forcément une meilleure qualité du poussin ou de la coquille. Il en va autrement pour les micro-constituants : la teneur de l’œuf en vitamines (en particulier les vitamines A, D et certaines vitamines du groupe B) est étroitement liée à l’ingéré alimentaire. Il convient donc de s’assurer que les besoins nutritionnels, en particulier en ces vitamines, sont pleinement satisfaits. Il en est de même pour les acides gras : une alimentation trop riche en acides gras saturés pourra entraîner une diminution des dépôts d’acides gras insaturés et compromettre ainsi le bon déroulement du développement embryonnaire. Seul l’âge du troupeau altère de façon significative la teneur en macro-constituants de l’œuf. Au fur et à mesure que le lot vieillit, la part du jaune augmente et celle du blanc diminue. Il en va de même pour les macro-constituants de l’un et de l’autre. Ceci met en évidence l’importance d’une bonne maîtrise de l’âge à la maturité sexuelle : des pontes trop précoces entraînent souvent des poids d’œufs insuffisants, une plus faible quantité de macro-constituants déposés dans l’œuf et, par conséquent, une moins bonne qualité des poussins.

Qualité sanitaire de l’œuf :

La qualité sanitaire d’un œuf est le reflet du statut sanitaire du parquet dont il provient et de son environnement immédiat une fois qu’il est pondu. Il convient donc de s’assurer que les œufs à couver sont issus de lots :

  • Indemnes de maladies transmissibles verticalement.
  • Exempts d’affections pouvant affecter l’appareil reproducteur.
  • Ne présentant pas de troubles de la digestion pouvant compromettre l’assimilation des nutriments nécessaires à la formation de l’œuf.
  • Ne souffrant pas d’affections respiratoires pouvant altérer le pH sanguin donc le transport et dépôt des constituants de l’œuf
  • Il devra provenir d’une source sûre et sera, de préférence, désinfectée dès son arrivée en zone de stockage.
  • Sera stockée dans un endroit sec, à l’abri des rayons solaires et de la pluie, et bien ventilé.
  • Sera protégée de toute source possible de contamination (oiseaux sauvages, rongeurs, etc.).

TRI DES ŒUFS À COUVER

La qualité de la coquille et le poids de l’œuf sont importants dans la détermination des paramètres d’incubation. Néanmoins, puisqu’il ne s’agit pas ici de préconiser le tri des œufs en fonction de leur poids et qualité de coquille, on se limitera à insister sur l’importance de l’homogénéité au sein d’un même lot : l’homogénéité des œufs, et sans doute indirectement celle des coquilles, est étroitement liée à celle du lot donneur. Le choix des paramètres d’incubation sera d’autant plus aisé, et correspondra au mieux aux besoins individuels des embryons, que les lots dont sont issus les œufs sont homogènes.

L’œuf à couver idéal :

  • Il aura un rapport longueur/largeur proche de 1,4/1,0.
  • Il aura un poids et une taille en accord avec la moyenne du troupeau.
  • Il aura été pondu dans un endroit sec, propre et protégé de la poussière.
  • Il sera issu d’un lot indemne de maladies.
  • Il n’aura pas été souillé par des déjections ou par des copeaux ou paille.
  • Il n’aura pas été sali par de l’albumen ou du jaune d’œuf d’autres œufs cassés.
  • Il aura une couleur homogène (brun foncé à brun clair en fonction de l’âge du troupeau) et la coquille sera lisse, exempte de rugosités ou d’aspérités.
  • La coquille sera intacte, non fêlée ou perforée. Elle ne sera pas fragile ou poreuse : Coquille lisse Coquille poreuse

  • DÉSINFECTION DES ŒUFS

Même si toutes les précautions ont été prises pour produire des œufs à couver d’une qualité sanitaire optimale, les risques de contamination persistent. Ils sont particulièrement importants lors de la formation de la chambre à air. La chambre à air débute sa formation dès que l’œuf est pondu : le refroidissement progressif de l’œuf entraîne la contraction de ses constituants (en particulier de l’albumen et des pores situés sur le petit bout), ce qui à son tour génère un phénomène de succion. L’air extérieur est ainsi introduit dans l’œuf et piégé entre les deux membranes coquillères. Si l’air devant pénétrer l’œuf est contaminé (parce que l’environnement est trop poussiéreux par exemple), ou a dû traverser une zone contaminée (souillures, copeaux ou paille collés à la surface de la coquille), bactéries et champignons se retrouveront introduits dans l’œuf. Ils resteront le plus souvent piégés au niveau de la membrane coquillère externe. Alors que cette contamination est peu ou pas détectable lors des tests de surface de coquille, elle est une des plus dangereuses car elle se répand très facilement parmi les poussins au moment de l’éclosion. La désinfection des œufs, alors qu’ils sont encore chauds, est donc un des meilleurs moyens pour prévenir la pénétration de bactéries ou champignons dans l’œuf. Toute désinfection ultérieure, aussi efficace soit-elle sur la surface de la coquille, aura peu d’effets sur les contaminants ayant déjà pénétré l’œuf. Lorsque l’œuf est pondu, sa température est proche de celle de la poule (sans doute légèrement inférieure) et une période de 4 à 6 heures (en fonction de la température externe) est souvent nécessaire pour que l’œuf atteigne la température d’ambiance. C’est pendant cette période que se forme la chambre à air et c’est donc pendant cette même période que les œufs doivent être désinfectés. Ceci met en évidence l’importance de la fréquence des ramassages : alors que des ramassages fréquents (4 à 5 fois par jour) favorisent les désinfections pendant que la chambre à air est encore en cours de formation, des ramassages plus espacés dans le temps limiteront leur efficacité. Mais les bonnes pratiques de ramassage et de désinfection ne constituent pas à elles seules une garantie de qualité sanitaire des œufs : la qualité de la coquille joue un rôle prépondérant dans la prévention des contaminations et il est donc essentiel de tout mettre en œuvre pour qu’elle soit optimale. Plusieurs études ont montré que le temps d’exposition aux bactéries jouait un rôle moins important que l’épaisseur de la coquille dans la prévention des contaminations. Il a ainsi été établi qu’un poids spécifique de l’œuf, supérieur à 1,080 était souhaitable.

Les méthodes de désinfection:

Quelle que soit la méthode choisie, la désinfection ne pourra être considérée comme efficace que si elle est réalisée sur une surface propre. Rares sont en effet les désinfectants qui agissent convenablement sur de la matière organique ou les poussières.
On se limitera ici à citer les principales méthodes de désinfection :

Pulvérisation :
L’emploi de désinfectants en pulvérisation est une méthode efficace pour limiter les risques de contaminations bactériennes. Elle est particulièrement utile lorsque les œufs sont directement ramassés sur plateaux d’incubation et qu’il est donc possible de pulvériser un désinfectant sur la pointe arrondie des œufs, immédiatement après leur ramassage.
Les désinfectants les plus employés sont ceux à base d’ammonium quaternaire, de phénols, de peroxyde d’hydrogène, d’iode ou de glutaraldéhyde. De par leur composition, certains d’entre eux peuvent colmater les pores, réduire les pertes en eau pendant l’incubation et entraîner des chutes d’éclosion. Se renseigner auprès du fabricant.
Pour une efficacité maximale, on veillera à ce que la température de la solution soit comprise entre 38 et 48°C. La pulvérisation se réalisera dans un local exempt de poussières.
Fumigation :
C’est la méthode la plus répandue. Elle est particulièrement efficace dans la lutte contre les contaminations de surface de la coquille. Cependant, les gaz qui résultent de la caléfaction des produits ou solutions employés diffusent mal à travers les pores et il est donc essentiel que la fumigation ait lieu alors que la chambre à air est encore en cours de formation.
Nombreux sont les produits qui peuvent être employés pour la fumigation. Les plus répandus et leurs dosages sont :

  • Poudre de para-formaldéhyde : 8-10 grammes par m3
  • Mélange de formol à 37,5% et permanganate de potassium : 2 dosages sont proposés par l’OIE :
    - 53 ml de formol et 35 grammes de permanganate de potassium par m3
    - 43 ml de formol et 21 grammes de permanganate de potassium par m3
  • Mélange de formol à 40% et permanganate de potassium : 45 ml et 30 grammes par m3 respectivement.
    Se conformer dans tous les cas à la législation locale, qui peut restreindre voire interdire on utilisera un récipient métallique à bords évasés, résistant à la chaleur. Le formol sera toujours rajouté au permanganate de potassium, jamais l’inverse, et les opérateurs devront obligatoirement porter un masque intégral.
    L’action germicide du formol est maximale lorsque la température ambiante est comprise entre 24 et 35°C et en présence d’une hygrométrie élevée (85-90%). Le temps de contact sera de 20 minutes et les gaz de para-formaldéhyde devront être par la suite soit extraits rapidement, soit neutralisés avec de l’ammoniac (prévoir un volume égal à la moitié de celui de formol utilisé pendant 10 à 15 minutes).
  • De nombreuses autres solutions, souvent à base de formol, d’ammonium quaternaire ou de
    peroxyde d’hydrogène existent dans le commerce. Leur utilisation devra se conformer aux
    recommandations du fabricant. :

UV-C
Il s’agit là d’une méthode largement employée pour la désinfection de l’eau, voire de certaines ambiances, mais qui reste encore peu répandue dans la désinfection des œufs à couver. Ceci est peut-être lié au fait que la méthodologie est encore mal définie (les temps d’exposition préconisés, sans préjudice pour l’embryon, varient de 40 secondes à 5 minutes) et qu’il est difficile d’imaginer qu’on puisse exposer aux UV-C tous les côtés de tous les œufs en salle de fumigation,
même si les œufs sont directement ramassés sur plateaux d’incubation.
Seul un système de ramassage et mise sur plateau automatique avec, au préalable, passage par un caisson de désinfection où les œufs tournent sur eux-mêmes, peut permettre une action
optimale des UV-C.
Toujours est-il qu’ils ont une action efficace contre les bactéries et champignons piégés au niveau des membranes coquillères, qu’ils traversent la coquille mais ont du mal à traverser les poussières.
Seuls les UV-C (250-275 nm) ont une action bactéricide.
Une attention particulière devra être portée à la protection des yeux, une exposition prolongée aux UV-C pouvant endommager la rétine.
Ozone :
L’ozone est souvent employé dans la désinfection de l’eau et, en industrie alimentaire, dans la conservation des aliments.
Il a un poids moléculaire proche de celui de l’oxygène ou du dioxyde de carbone et peut donc bien diffuser par les pores de la coquille. Cette caractéristique lui confère une action bactéricide certaine au niveau des membranes coquillères mais il reste très instable et dangereux tant pour l’opérateur
que pour l’embryon.
L’ozone est toxique, corrosif et comburant et son utilisation doit répondre à des normes très strictes de sécurité. À hautes doses (3%) il a un effet néfaste sur les taux d’éclosion. À des doses 100 fois inférieures, il garde un effet négatif sur le développement embryonnaire tout en ayant une activité bactéricide limitée.
Certains chercheurs vont même jusqu’à déconseiller l’ozone comme alternative au formol.
La méthode d’utilisation est encore mal connue mais on sait que l’ozone a tendance à se dissocier naturellement en dioxygène, qu’il traverse les parois des cellules et s’attaque, par oxydation, à tous ses constituants.
Son activité bactéricide et virucide est avérée mais ni les temps de contact ni les conditions d’ambiance requises n’ont été arrêtés.

Lavage :
C’est sans doute l’une des meilleures méthodes mais également l’une des plus onéreuses. Les laveuses automatiques, placées le plus souvent juste après la mise sur plateaux d’incubation, emploient des buses à haute pression qui pulvérisent du désinfectant autour de l’œuf à une température de 40-50°C.

La plupart des œufs, y compris les sales ou pondus au sol, peuvent être récupérés par cette méthode. Une attention particulière devra néanmoins être portée sur le choix du désinfectant : certains d’entre eux ont tendance en effet à réagir avec la cuticule et perdre ainsi de leur efficacité. D’autres, de par leur composition, ont tendance à colmater les pores et pénaliser en conséquence les échanges gazeux. Se renseigner auprès du fabricant. Pour une efficacité optimale, on veillera à ce que la concentration de l’agent actif soit constante tout au long de l’opération (renouvellement régulier de la solution désinfectante). Essuyer, poncer et polir : Nombreux sont les éleveurs qui ont tendance à retirer de la surface de la coquille les restes de copeaux, paille ou déjections qui pourraient s’y trouver. Tant qu’elle n’est pas utilisée exagérément, cette technique peut constituer une bonne méthode de nettoyage. Quand un œuf a besoin d’1 ou 2 coups de chiffon (tissu) pour être nettoyé, il peut alors être considéré comme un œuf à couver. Quand, au contraire, plus de 2 coups de chiffon (tissu) sont nécessaires pour enlever les saletés, l’œuf ne devrait plus être considéré comme œuf à couver. Puisqu’ils entraînent souvent la destruction de la cuticule, et même parfois d’une partie de la coquille, l’emploi de la laine de verre, de la laine de roche ou même le polissage ne sont pas recommandés.